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Les héros non acclamés des soins aux malades du VIH/SIDA
Date: January 1, 1970
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Les héros non acclamés des soins aux malades du VIH/SIDA
Par Perpetual Sichikwenkwe
Le VIH/SIDA a modifié pour toujours plusieurs aspects de nos pays et de nos communautés. Il se peut que le changement le plus drastique soit l’accroissement du poids des soins aux malades, soit à l’hôpital, soit à domicile. Les recherches menées à travers la région indiquent que les femmes et les jeunes filles sont grandement responsables des soins aux personnes malades à la maison, un poids qui a augmenté de façon significative avec le VIH/SIDA.
Reconnaissant que les soins aux malades sont non seulement une contrainte de temps mais ont aussi des coûts économiques, tout en privant les femmes et les jeunes filles d’opportunités, la 53e conférence de la Commission pour la Condition de la Femme des Nations Unies, qui aura lieu en mars prochain se concentrera sur le thème «Le partage égal des responsabilités entre femmes et hommes, incluant les soins prodigués dans le contexte du VIH/SIDA ».
Bien que la prévention et le soutien aux personnes vivant avec le VIH/SIDA continuent à être au centre des réponses de lutte contre le VIH/SIDA, l’attention de la Commission pour la Condition de la Femme des Nations Unies illustre bien un souci croissant à l’effet que les gains obtenus de la lutte en faveur de l’égalité et des droits des femmes sont en train de se perdre dans le contexte du VIH/SIDA. Le thème de la dernière Journée Mondiale du SIDA était axé sur le leadership et c’est un encouragement accru pour les leaders du monde entier d’accorder du poids aux liens existants entre l’égalité du genre et le VIH/SIDA.
Les soins aux malades sont particulièrement pertinents dans la région de l’Afrique australe qui enregistre les plus forts taux de VIH/SIDA au monde. Abigail Mpho Mooketsi est une de ces personnes qui dispensent des soins aux malades du VIH/SIDA et qui travaille pour l’organisation sud-africaine «Let Us Grow ». Après avoir fait partie d’un groupe de soutien et avoir appris la valeur des soins aux malades, elle est elle-même devenue une fournisseuse de soins aux malades du VIH/SIDA quand son état de santé s’est amélioré. Elle rend quotidiennement visite à trois malades.
«Quand je leur rends visite à domicile, je leur donne leur bain et je les nourris. Parfois, je leur apporte des colis alimentaires et d’autres agréments que j’obtiens par le biais du programme », explique-t-elle. «Il est encourageant de voir comment ce service est important pour plusieurs des malades à qui je rends visite. Pour certains d’entre eux, la nourriture que je leur apporte les sauve de la famine ».
Le défi, dit-elle, est qu’aussi dur que soit ce travail de soins aux malades du VIH/SIDA, il n’offre aucune rétribution, peu d’opportunités de formation et signifie souvent être considéré irrespectueusement par des professionnels de santé lorsqu’elle amène les malades dont elle s’occupe à l’hôpital. «J’aurais adoré pouvoir bénéficier d’une formation en soins aux malades », poursuit-elle, «cependant, je crois que plus que tout autre chose, notre travail aurait été facilité si nous étions simplement traités avec plus de respect ».
L’histoire de Mooketsi est celle de milliers d’autres personnes dans la région. Les études révèlent que près de 90% des soins aux malades du VIH/SIDA ont lieu à domicile et que lesdits soins peuvent augmenter la charge du travail de la personne les prodiguant par un tiers. Ce qui est un défi significatif pour les femmes qui doivent déjà tenter d’équilibrer leur vie entre le travail formel en tant que gagne-pain ou employées productives et une multitude de tâches et de responsabilités domestiques.
En dépit de l’importance de ce travail de soins aux malades du VIH/SIDA, la société montre peu d’appréciation à ces efforts énormes tant en termes de rémunération qu’en termes de quantification de leur travail pour s’assurer qu’il soit intégré dans les économies nationales.
Conscient de cette situation, le réseau Gender and Media Southern Africa (GEMSA) s’est depuis l’an dernier embarqué dans un projet intitulé «Faire en sorte que le travail de soins aux malades du VIH/SIDA compte ». Projet appliqué dans six pays de l’Afrique australe. Kubi Rama, manager du Gender and Media Diversity Centre, déclare espérer que ce projet amène la sensibilisation, la reconnaissance et le soutien aux personnes prodiguant des soins aux malades, en particulier à celles le faisant à domicile auprès des malades du VIH/SIDA. L’an prochain, ce projet sera lancé dans six autres pays africains.
Selon Rama, la première phase de cette campagne a examiné l’aspect plaidoyer et comprenait aussi la traduction en différentes langues de documents sur le travail de soins aux malades et la constitution de groupes de référence. Elle estime que le succès le plus important remporté par GEMSA à cet effet est d’avoir réussi à inclure le travail de soins aux malades dans le Protocole sur le Genre et le Développement, récemment signé par les chefs d’Etats des pays de la Communauté pour le Développement de l’Afrique australe.
La clause y relative se lit comme suit : «Les Etats membres devront d’ici 2015 développer et appliquer des politiques et programmes assurant la reconnaissance du travail des personnes qui fournissent des soins aux malades, dont la majorité sont des femmes, l’allocation de ressources et un soutien psychologique pour elles, de même que promouvoir l’engagement des hommes dans les soins et le soutien aux personnes vivant avec le VIH/SIDA ».
La campagne, souligne Kubi Rama, est dans sa deuxième phase et celle-ci se concentre sur les politiques entourant le travail de soins aux malades. Elle estime que de telles politiques sont urgentes mais constituent en même temps un défi car le développement d’une politique est généralement une très longue procédure.
Clémentine Comate, la facilitatrice du projet au Mozambique, déclare que GEMSA et les autres parties prenantes du projet se sont engagées dans une vaste campagne nationale destinée à sensibiliser les gens et le gouvernement sur la nécessité d’accorder une reconnaissance aux personnes fournissant des soins aux malades, en développant une politique qui tiendra compte de leur sort.
Elle précise que depuis le lancement de la campagne au Mozambique l’an dernier, un groupe de travail comprenant les différentes parties prenantes traitant des questions liées au VIH/SIDA, a été mis sur pied pour être le fer de lance de la campagne dans le pays. Dans un futur proche, GEMSA et d’autres parties prenantes comptent rencontrer le ministre de la Santé et les membres du gouvernement pour présenter ce qu’ils ont fait jusqu’ici sur le travail de soins aux malades et pour proposer une politique spécifique pour les personnes qui se dévouent ainsi. Comate ajoute que jusqu’ici, le gouvernement a donné des indications de sa volonté à développer cette politique.
Selon Ncane Maziya, le facilitateur national au Swaziland, le gouvernement Swazi a signifié son soutien, recommandant que ce projet se déploie dans les quatre régions du pays pour obtenir plus d’impact.
Maziya pense que travailler dans la région fournit des opportunités d’être en contact avec des leaders traditionnels qui peuvent influencer les membres du Parlement pour qu’ils présentent des motions sur le sort des personnes fournissant des soins aux malades.
Cependant, elle estime qu’il y a un défi dans le développement d’une politique sur le travail de soins aux malades car le gouvernement et les autres parties prenantes telles que les législateurs, ne comprennent pas sa nécessité.
Un autre facteur contribuant à la difficulté est que les communautés ne comprennent pas l’importance de la reconnaissance du travail de soins aux malades. «La culture est un problème au Swaziland et aussi longtemps que nous n’allons pas vers les communautés ou vers les leaders traditionnels pour leur expliquer l’importance d’une telle politique, nos efforts seront vains », déclare Maziya.
Comme le VIH/SIDA fera sûrement partie de notre réalité pendant encore longtemps, il est essentiel que nous reconnaissions ce précieux service désormais présent dans chaque sphère, au gouvernement, dans nos communautés et nos maisons.
Perpetual Sichiwenkwe est une journaliste zambienne. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles à l’actualité quotidienne.
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