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Pour accéder aux services des agences de micro-finances, il faut en premier lieu s’inscrire en tant que membre et posséder un compte. Toutefois, la contrepartie s’avère un peu pénible parce que les garanties dépassent les valeurs Á rembourser. Rasolo, réceptionniste auprès d’une agence située Á Andoharanofotsy, a expliqué que les clients ont le choix d’ouvrir un compte d’épargne, un compte courant ou un compte bloqué.
Il est aussi possible qu’un client ouvre ces trois comptes en même temps. « C’est après trois mois d’adhésion que le client a le droit de faire une demande de prêt. Il devrait pourtant disposer de 20 % de son prêt avant la soumission de son projet parce que le compte sera bloqué jusqu’Á la fin du remboursement qui s’étale en général sur une période de trois ans », souligne-t-il.
Cet agent n’a pas omis d’ajouter qu’il faut une garantie d’une valeur de 150 % comme des meubles, des terrains, des maisons, une voiture. Au cas où le client ne parvient pas Á rembourser son prêt, il est passible d’une sanction et doit réparer les préjudices de retard dans un délai de cinq jours. S’il se présente avant la date prévue, un gestionnaire de l’agence mènera une enquête et lui proposera une autre échéance. Si le client n’honore pas le délai, l’agence procèdera Á un recouvrement et évaluera les biens du client qui sera mis en vente aux enchères. Dans certains cas, les clients fuient. L’agence entamera alors une procédure judiciaire Á l’issue de laquelle une autorisation ordonnera la saisie des biens des fugitifs.
Monter un business n’est pas chose facile Á Madagascar, mais comme on le dit «qui prend des risques gagne ». Les femmes semblent la cible idéale des agences de micro-finances et elles empruntent pour rendre leur affaire plus florissante. En fait, elles préfèrent même faire davantage confiance aux services de ces institutions qu’aux banques.
Tahiry Soa, 36 ans et célibataire, est un des modèles de réussite des services de proximité qu’offre une agence. Cette femme a tout essayé dans la vie. Ayant terminé ses études de droit, elle n’a pas réussi Á trouver un emploi qui lui convenait. Elle a fait ses débuts dans la coupe et la couture mais n’a pas réussi. C’est Á partir de l’année 2005 qu’elle s’est lancé dans le business du taxiphone. «J’ai débuté avec un seul poste fixe Telma. Il faut être placé Á un endroit stratégique pour que cela marche. J’ai donc investi au stationnement du Fasan’ny Karana – le stationnement des lignes régionales reliant la capitale Antanarivo aux régions du Sud. L’idée de multiplier les points d’appel m’est venue et je me suis lancée Á fonds pour acquérir d’autres postes. J’en ai ajouté deux grâce Á un prêt très modeste. Dans ce genre de business, il faut bien calculer les investissements et le fonctionnement pour ne pas courir Á la perte. J’avoue que j’ai fait beaucoup d’économies parce que je voulais fuir la misère dans laquelle j’ai vécu pendant des années. Cela fait cinq ans que j’ai opéré pour ce secteur et je dispose Á l’heure actuelle de dix points d’appels gérés par des gens de confiance », relate-t-elle.
Tahiry Soa, qui est très fière de son business, a encore d’autres idées en tête. Pour le moment, elle se concentre sur la consolidation de son entreprise et si elle parvient Á décrocher un contrat Á durée indéterminée au sein du ministère de la Santé qui l’a recrutée, elle espère qu’un jour elle intègrera le corps des fonctionnaires.
Un jeune homme d’une vingtaine d’années, Naivo Randimby, excelle dans le monde des transports. Il s’est lancé dans cette aventure en gardant l’espoir. Il a fait ses premiers pas en empruntant de l’argent Á sa sÅ“ur pour l’achat d’un minibus. A l’heure qu’il est, il est propriétaire de quatre véhicules de transports en commun qui desservent plusieurs quartiers d’Antananarivo. « Je me suis contenté de ma première voiture pendant une année et j’ai remarqué que les dépenses étaient plus élevées que les recettes. Je me suis dit que pour réduire mes frais et être rentable, je devais augmenter le nombre de voitures. J’ai fait un emprunt auprès d’une agence de micro-finances avec lequel j’ai acheté trois véhicules. J’ai confié l’entretien de ces véhicules Á un diéséliste pour qu’il vérifie qu’ils fonctionnent convenablement et ce afin d’amortir le crédit. J’ai quatre ans pour rembourser mon emprunt et je crois que je pourrais m’acquitter des dus bien avant l’échéance prévue », estime-t-il. Randimy a ajouté qu’il faut rester très actif quand on a recours aux services des agences de micro-finances parce qu’un faux pas suffit Á faire couler une affaire.
Harijaona Masinjanahary est journaliste Á Madagascar Tribune. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Les plans de micro crédits séduisent les Malgaches