Les professionnelles du sexe en Afrique australe rencontrent de plus en plus d’obstacles


Date: January 1, 1970
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Les professionnelles du sexe en Afrique australe rencontrent de plus en plus d’obstacles
Par Shamillah Wilson
 
Selon un rapport de la Open Society Institute, rendu public le 15 décembre dernier, les professionnels(les) du sexe en Afrique australe sont de plus en plus confrontés(ées) à des abus de leurs droits humains. Ledit rapport intitulé «Rights Not Rescue : A report on female, trans, and male sex worker’s human rights » au  Botswana, en Namibia et en Afrique du Sud, fait état du vécu des professionnels(les) du sexe et de leurs efforts pour protéger leurs droits, en dépit des défis grandissants.
 
Ce rapport a été lancé avant la commémoration d’une journée mondiale méconnue, à savoir la Journée Internationale destinée à mettre un terme à la violence envers les professionnels(les) du sexe. De par le monde ce jour-là, les organisations défendant les droits des professionnels(les) du sexe ont organisé des activités et des veilles pour augmenter la sensibilisation à propos de la violence communément commise à l’égard des professionnels(les) du sexe. 
 
Dans les trois pays étudiés, les professionnels(les) du sexe disent qu’ils ont l’habitude d’être malmenés par la police, incluant le viol, les coups et avoir le sexe aspergé de spray au poivre. «Les professionnels(les) du sexe font face à une crise par rapport à leur santé et leurs droits humains en Afrique australe et pourtant, peu d’actions sont entreprises pour protéger leurs droits » déclare Anna-Louise Crago*, co-auteur du rapport.
 
Le rapport indique que la pénalisation du travail sexuel dans chacun de ces trois pays rend les professionnels(les) du sexe plus vulnérables aux abus physiques et sexuels de la part des officiels chargés d’appliquer la loi. Alors que l’Afrique du Sud accueillera en 2010 la Coupe du Monde de Football et que la région se prépare à l’afflux de touristes, dont la majorité comprendra des hommes jeunes, des débats animés ont lieu entre les services de police, les organisations et les groupes de professionnels(les) du sexe à propos de la possibilité de légaliser le travail sexuel.
 
Etant donné qu’il est plus que probable que le travail sexuel -légalisé ou pas -, soit en grande demande bien avant cet évènement mondial, il y a lieu d’évaluer la protection et les soins pour les femmes engagés dans ce travail. Au Botswana et en Afrique du Sud, les professionnels(les) du sexe qui migrent du Zimbabwe font souvent face à une violence encore plus sévère de la part de la police et des gardes-frontières que leurs contemporains locaux.
 
«Les policiers confisquent notre argent et nous violent sans mettre de préservatifs. Nous avons toutefois peur de rapporter le viol parce que nous sommes des professionnels(les) du sexe et de ce fait, nous opérons dans l’illégalité», explique Priscilla Moyo,* une travailleuse du sexe à Rustenburg en Afrique du Sud.
 
Les abus répandus, le manque de protections légales et les faibles conditions de travail ont compromis la capacité des professionnels(les) du sexe à accéder aux services de prévention et de traitement du VIH/SIDA. La discrimination de la part des fournisseurs des soins de santé et la peur des abus empêchent souvent les professionnels(les) du sexe – en particulier les transsexuels et les professionnels(les) du sexe migrants – à rechercher de l’aide ou des antirétroviraux pour traiter le VIH/SIDA.
 
«Lorsque nous nous rendons à l’hôpital, ils ne nous traitent pas comme des êtres humains», déclare Rashida Gumede, travailleuse du sexe du Botswana. «Certaines femmes séropositives préfèrent mourir sans traitement d’antirétroviraux plutôt que d’aller les chercher à l’hôpital ».
 
Dans d’autres parties du monde, les programmes de VIH/SIDA qui respectent les droits des professionnels(les) du sexe ont réussi à réduire le taux de VIH/SIDA auprès de ces communautés. Cependant, des campagnes politiques conservatrices et religieuses, de même que des restrictions sur l’aide étrangère telles que le plaidoyer anti-prostitution des Etats-Unis, ont sévèrement gêné plusieurs initiatives de lutte contre le VIH/SIDA qui étaient basées sur des recherches. En Afrique australe, une large part du financement dirigé vers les professionnels(les) du sexe est absorbé par des initiatives destinées à les «réhabiliter» et à les faire abandonner le travail sexuel.  
 
«Des projets censés être de réhabilitation n’ont pas apporté la preuve d’une réduction de propagation du VIH/SIDA, tout comme ils n’ont pas réduit le nombre de personnes qui sont engagées dans le travail sexuel », dit Jayne Arnott, l’autre auteur du rapport. «Au lieu de cela, les initiatives de ce type ont davantage stigmatisé les professionnels(les) du sexe et ont détourné le financement des programmes sur le VIH/SIDA qui étaient basés sur des preuves scientifiques et sur le respect des droits humains ».
 
En dépit des sanctions pénales et du manque de financement, le rapport a trouvé que les professionnels(les) du sexe de la région s’organisent pour protéger leurs droits. Ils demandent des réformes légales et des programmes pour réduire la violence et la discrimination et créer des environnements de travail sains qui leur permettront de renforcer leurs capacités à négocier le port du préservatif.
 
Le rapport recommande fortement aux gouvernements et aux décideurs de prendre des mesures telles que la dépénalisation du travail sexuel et un investissement accru dans les initiatives de santé basées sur les droits pour les professionnels(les) du sexe. Il fait aussi appel aux activistes et les groupes travaillant pour l’avancement des droits des professionnels(les) du sexe de s’assurer de l’implication significative et du leadership des travailleurs et travailleuses du sexe dans la définition des priorités et des stratégies les concernant.
 
Le rapport souligne aussi la nécessité de reconnaître le travail sexuel comme n’importe quel travail et s’assurer qu’il y ait l’application des droits du travail et humains pour les professionnels(les) du sexe tels que l’accès à des conditions de travail justes et sécurisées. «Tout ce que nous demandons, c’est que les gens nous voient comme des êtres humains qui ont des droits humains », a déclaré Caroline Ncane*, membre de Sisonke, le réseau national des professionnels(les) du texte en Afrique du Sud.
 
* Noms fictifs
Shamillah Wilson écrit de Cape Town en Afrique du Sud. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles à l’actualité quotidienne.
 
 


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