L’intégration sociale: un concept nouveau pour combattre la pauvreté chez les Mauriciennes


Date: June 11, 2010
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Après une autre de ses visites, Á  La Valette cette fois, située dans l’ouest de l’île, le ministre Duval a voulu donner un signal très fort de ce qu’il entend pratiquer pour lutter contre l’extrême pauvreté. Il est clair qu’il veut aider les familles, hommes comme femmes, Á  s’en sortir. Si ce ministère, nouvellement créé Á  l’issue des élections générales de mai 2010, fait ce qu’il faut, il pourrait être une ‘arme de destruction massive’ contre la misère.

A Panchavatti, les femmes se réjouissent que le No 3 du gouvernement mauricien ait pensé Á  elles «Nous sommes très contentes que Xavier-Luc Duval soit venu. Nous souhaitons qu’il revienne encore dans six mois pour un nouveau constat. Au moins lÁ , il a vu dans quelles conditions nous vivons », expliquent deux femmes interrogées par la télévision nationale.

Arlette Nadan est la présidente du Groupement Espoir Femmes Entrepreneurs qui comprend 150 membres d’associations de femmes Á  travers l’île. Ses membres pratiquent des métiers divers: matelassières, planteuses, pâtissières, couturières et pêcheuses entre autres. Elles se réunissent chaque mois Á  la salle d’Å“uvre de l’église Saint Jean Á  Quatre Bornes pour trouver des solutions aux problèmes que rencontrent les femmes entrepreneurs.

Arlette Nadan souhaite une approche positive des institutions. «Ces instruments de renforcement de capacités de l’Etat ne doivent pas exister sur papier seulement. Il faut qu’ils soient actifs, » considère-t-elle.

Elle dit compter énormément sur Xavier-Luc Duval, vice Premier ministre, pour son nouveau ministère de l’Intégration sociale et de l’Economic Empowerment. « Ce ministère est la seule porte de sortie de la pauvreté. Connaissant Xavier-Luc Duval, j’estime qu’il peut faire reculer la pauvreté et gagner cette bataille. Dans le passé, alors qu’il était ministre du Tourisme, il a beaucoup aidé le Groupement Espoir Femmes Entrepreneurs, notamment Á  l’occasion de leurs expos-vente Á  la municipalité de Beau-Bassin-Rose Hill. Notre groupe compte travailler avec ce nouveau ministère », ajoute-t-elle.

Toutefois, Arlette Nadan déplore des cas de victimisation de ses membres par les autorités. Elle cite le cas des femmes qui sont obligées de vendre leurs produits sur la rue. Comme cette cordonnière, Isabelle Tanner de Rose Hill, qui pour nourrir ses trois enfants, fabrique des chaussures qu’elle vend dans les villes.

Or souvent, elle se retrouve face Á  des policiers qui l’empêchent de vendre ses produits ou qui les saisissent. « Notre association a dÁ» récemment intervenir pour faire récupérer environ Rs 12 000, soit environ 3 000 rands, de chaussures fabriquées par cette dame, qui avaient été saisies par la police. Ce n’est pas normal, » estime Arlette Nadan.

Il est intéressant de noter que les femmes n’attendent pas les autorités pour se désenclaver. Elles prennent souvent les initiatives pour s’en sortir. C’est ainsi que des femmes de nombreuses familles Á  Chemin-Grenier, une région dans le sud de l’île, qui se sont retrouvées au chômage Á  la suite de la fermeture de six usines de textile et de deux usines sucrières, ont pris les choses en main après quelques temps d’incertitudes. Les raisons pour lesquelles elles n’arrivaient pas Á  trouver du travail sont l’analphabétisme et leur âge avancé.
Les répercussions de ces pertes d’emplois sont visibles auprès des enfants qui fréquentent l’Association pour l’éducation des enfants défavorisés (APEDED) avec des absences et des problèmes de malnutrition. Pour trouver une solution aux problèmes auxquels font face ces enfants et leurs mères, l’APEDED a lancé une campagne de sensibilisation pour les encourager Á  s’adonner Á  la culture de plantes médicinales.
Une vingtaine d’entre elles ont bénéficié d’une formation poussée auprès de l’Agricultural Research and Extension Unit (AREU), division du ministère de l’Agro-industrie. C’est ainsi que ces femmes ont pu se lancer dans la culture de plantes médicinales et la production de produits bio.
Aujourd’hui, la marque de tisanes et d’infusions «Secret Grand-Mère » vient de voir le jour après deux ans de recherches. «Á€ travers ce projet, j’ai appris Á  planter et Á  nourrir les plantes. J’ai aussi appris les différents usages de plantes comme l’ayapana ou le baume du Pérou,” soutient une ancienne couturière qui est aussi très active au niveau de la maternelle. Selon elle, il faut compter environ 60 grammes de feuilles vertes pour 10 grammes de tisane, dépendant de la composition Á  faire.

Les «Secret Grand-Mère » sont mis dans des sachets en plastique hermétiquement fermés. Environ 500 paquets de 13 variétés de plantes sont produits hebdomadairement.

Désormais, Anuradha Pooran, présidente de l’APEDED, initiatrice du projet de propagation des plantes médicinales et de tisanes permettant aux femmes engagées d’être économiquement autonomes, veut étendre son expérience Á  Rodrigues, petite île formant partie de la République de Maurice.

A l’est du pays, dans une région appelée « Folles Herbes », des familles qui vivent dans une grande pauvreté ont été identifiées. La fondation de Médine Sugar Estate a mené l’enquête. Des discussions ont lieu actuellement pour trouver une solution Á  leurs problèmes.

Dans ce combat contre la pauvreté, il faut donner des outils pour responsabiliser les démunis. En 2010, il y a eu 224 femmes qui ont contracté des emprunts de Rs 40 000 chacune pour mettre sur pied leurs entreprises. Il faudrait que les structures étatiques soient d’un apport aux plus pauvres. C’est pourquoi ces derniers placent beaucoup de confiance dans ce ministère nouvellement créée pour l’intégration sociale et l’Economic Empowerment.

Jimmy Jean-Louis est journaliste Á  Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links, qui apporte des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.

 


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