Mireille Dieditomene: Folle du montage numérique!

«Je travaille Á  la Télé 7 depuis deux ans. Mes débuts dans ce métier pour le compte d’une autre chaîne de télévision ont été très difficiles car j’avais du mal Á  me faire accepter en tant que femme. Mais aujourd’hui, les services que je rends Á  mon entreprise de presse font que je sois appréciée de tous », confie la monteuse avec un sourire franc. C’est très rare de voir des femmes évoluer dans le domaine technique. Certaines personnes pensent même que la technique n’est réservée qu’aux hommes.

Diplômée en humanités commerciales, Mireille Dieditomene s’est détournée de son ambition d’enfance qui était celle de se spécialiser en marketing. Elle a pourtant commencé des études en la matière auprès de l’Institut Supérieur de Commerce (ISC) mais ne s’y est pas retrouvée. C’est alors qu’elle a décidé de suivre une formation en informatique.

Après quoi, Mireille Dieditomene a appris le tournage. «Après cette formation en informatique, j’ai décidé de parfaire mes connaissances en prises de vue et en tournage que je connaissais déjÁ  un tout petit peu. Je me suis fait inscrire Á  l’Institut Congolais de l’Audiovisuel et multimédias (ICA). Quand on m’a présenté le programme des cours, j’ai immédiatement choisi le montage numérique. Et je dois dire que ma famille m’a beaucoup soutenue dans cette voie », déclare la monteuse.

Après avoir obtenu son brevet en montage numérique, elle est embauchée par une télévision de la place. Mais elle sent que ses collègues hommes ne lui font pas confiance. Elle est constamment diminuée et critiquée. Elle n’est pas autorisée Á  manipuler la table de montage. On laisse entendre qu’elle est une femme et donc incapable de monter quoi que ce soit.
«Je ne suis pas restée longtemps dans cette entreprise de presse. J’ai cherché un autre emploi et c’est Télé 7 qui m’a recrutée. Au moins ici, on me respecte. Je dirais même que je suis plus rapide au montage que mes collègues hommes », affirme Mireille Dieditomene.

Freddy Mukelenge, le chef direct de Mireille Dieditomene, confirme que «l’apport de Mireille est considérable. Elle participe au travail collectif dans la chaîne de production. Sa maîtrise de l’outil de travail et son expérience professionnelle constituent un plus pour l’entreprise ».

Certains hommes pensent toujours que la femme a un statut d’objet. Qu’elle est Á  la fois un instrument de promotion sociale, un objet de distraction et un ventre dont ils peuvent prendre possession Á  loisir. Mireille Dieditomene trouve cela anecdotique. Elle estime que la femme ne peut être comparée Á  un objet. «Elle est la partenaire de l’homme. La femme est capable de faire ce que fait l’homme. Il suffit de lui faire confiance. Pour preuve, j’exerce un métier que l’on disait traditionnellement réservé aux hommes et je m’en sors très bien », dit-elle.
Bien que ce métier soit technique, il ne paie pas extrêmement bien. Mireille Dieditomene reconnaît que ses salaires ne sont pas très élevés mais elle espère voir cette situation s’améliorer un jour.

Elda Along est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.