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Les NU ressemblent aujourd’hui beaucoup plus Á la Banque Mondiale (BM) et au Fonds Monétaire International (FMI) tant son parcours est voué au même échec. Car l’objectif principal de ces deux institutions financières était de venir en aide aux pays pauvres mais lÁ où elles sont passées, il y a eu un énorme désastre économique, pénalisant non seulement les pays en question mais aussi leurs peuples. Les pays africains en savent quelque chose.
D’ailleurs, les grandes puissances économiques mondiales attachent plus d’importance Á la réunion du G20 qu’aux NU. C’est surtout Á ce premier forum cité que se jouent les drames de plusieurs milliers de pauvres dans le monde. Car depuis la déclaration universelle des Droits de l’Homme, il n’y a pas eu de grande avancée des NU. Pourtant, ses ambitions au lendemain de la seconde guerre mondiale étaient nobles. Notamment maintenir la paix et la sécurité internationales, développer des relations amicales entre les nations, promouvoir le progrès social, instaurer de meilleures conditions de vie et accroître le respect des Droits de l’Homme.
Or, après 64 ans d’opération, les NU traversent une grave crise existentielle. Sa tribune est devenue un carrefour où toutes les mouvances se heurtent. Une plateforme où l’on parle de tout et de rien finalement.
Les NU ayant réussi Á s’attirer la sympathie des mouvements de femmes, se sont arrangés pour absorber le travail des mouvements sociaux, y compris celui des femmes, par exemple avec la tenue de conférences internationales. Les mouvements perdent alors en autonomie face aux États et les positions féministes sont noyées dans un consensus large. Les NU exploitent la soif de participation et les idées des femmes et les font paradoxalement participer Á leur propre destruction. Les mouvements de femmes en Amérique Latine et dans les CaraÁ¯bes sont particulièrement préoccupés par ce phénomène d’ONGisation des mouvements sociaux, qui perdent en analyse critique politique et en potentialité transformatrice.
La gestion planétaire démographique rejoint ces préoccupations. En effet, les projets mis en Å“uvre contre la surpopulation sont-ils lÁ pour répondre aux intérêts des femmes ou pour mieux contrôler leur fécondité? La notion de « surpopulation », largement critiquée par les féministes du Sud, recouvre en effet une théorie raciste et sexiste qui présente les femmes latines, indiennes, noires, arabes et asiatiques comme « trop prolifiques » et par lÁ coupables de leur propre pauvreté.
On voit encore comment les programmes «d’aide aux femmes » soutenus par les NU s’intègrent harmonieusement avec les politiques prônées par le FMI et la BM qui ont pour but principal de capter l’immense «trésor caché » que constituent ces systèmes économiques traditionnels, largement tributaires des femmes.
L’espérance avec la SADC?
Il est clair que l’avenir pour les pays comme Maurice demeure le renforcement du bloc régional qu’est la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et du rôle qu’il jouera au sein de l’Union Africaine. Outre les dossiers épineux de la sous-région, comme la crise malgache, les participants ont parlé de défense commune et d’intégration économique lors du 29e sommet en septembre dernier Á Kinshasa, en République Démocratique du Congo (RDC). Le nouveau président en exercice de la SADC, Joseph Kabila, qui est aussi président de la RDC a déclaré, Á l’issue des travaux, avoir le sentiment «d’un travail bien fait ».
Tout mettre en Å“uvre pour promouvoir la paix, la sécurité et l’intégration économique, c’est l’engagement pris par Joseph Kabila Á l’issue du Sommet de Kinshasa. Il a également promis de relever d’autres défis majeurs qui s’imposent dans la région de l’Afrique australe. Dans l’espoir de parvenir Á atteindre ces objectifs, les participants Á cette rencontre ont ratifié des instruments juridiques de la SADC. L’accent a été mis sur une politique commune de défense et sur les échanges.
Le ministre de la Coopération internationale et régionale, Raymond Tshibanda a, en rapport avec la représentation des Congolais au secrétariat exécutif de la SADC, exhorté les femmes congolaises et même leurs homologues masculins Á solliciter de l’emploi Á la SADC. Avant de les inviter Á s’intéresser davantage aux organisations sous-régionales et régionales en ce moment où se dessine l’avenir du monde qui sera basé sur le regroupement des grands ensembles. Car il veut que les Congolais mettent leur savoir-faire au service de l’Afrique australe.
Contrairement aux NU, les organisations non-gouvernementales (ONG) ont beaucoup plus d’espace pour évoluer durant les forums de la SADC. A titre d’exemple, l’ONG Unité de Recherche et Plaidoyer condamne les violences faites Á la femme au Zimbabwe. Dans une lettre ouverte adressée aux Chefs d’Etats de la SADC au sommet Á Kinshasa, l’ONG Research Advocacy Unit (RAU) fustige les violences sous toutes ses formes faites Á la femme dans certains pays de la région, dont le Zimbabwe.
Par ailleurs, les activistes de l’égalité du genre ont plaidé en faveur de l’adoption du Protocole de la SADC sur le genre et le développement. Un rapport rédigé par la Southern African Gender Protocol Alliance regroupant des ONGs, a été soumis aux chefs d’Etats de la SADC. Ce rapport analyse les 28 recommandations du protocole de la SADC et leur application dans les pays membres qui Å“uvrent pour la parité entre hommes et femmes. Une étude qui sert Á évaluer les progrès réalisés dans chacun des pays membres.
La lutte en faveur des femmes se fera Á trois niveaux. La première catégorie est constituée de femmes leaders ou de celles qui ont réussi Á émerger. La deuxième est celle des femmes qui se battent pour émerger et, la troisième, celle des femmes qui ignorent leurs compétences et dont les capacités doivent être renforcées.
La SADC offre plus de garanties en termes d’amélioration du sort des femmes que l’ONU. Et c’est sur cette voie que nous devons poursuivre.
Jimmy Jean-Louis est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links, qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
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