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Les résultats globaux démontrent que la santé de la mère connaît un léger recul par rapport Á la dernière enquête menée en 2004. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Quatre cent quatre vingt dix-huit femmes (498) sont mortes pour 100 000 naissances en 2008/2009 contre 269 cas de mortalité maternelle pour 100 000 naissances en 2004 Cela fait huit femmes qui meurent quotidiennement en accouchant. Et ce nombre risque de s’accroître.
Cette enquête a été réalisée en 2008-2009 par la Direction de la démographie et des statistiques sociales de l’Institut national de la Statistique (INSTAT), en collaboration avec la vice-primature chargée de la Santé publique. Elle s’est déroulée de novembre 2008 Á aoÁ»t 2009.
La situation étonne vu la somme colossale d’argent versée pour la santé maternelle et infantile Á Madagascar. Le pays a plusieurs bailleurs de fonds dans ce domaine.
Mais il y a encore beaucoup d’efforts Á faire en la matière.
«Les données décrivent la réalité sur place. Elles peuvent expliquer la baisse du taux d’accouchement des femmes dans les centres de santé. Les femmes meurent surtout dans la communauté. La plupart d’entre elles ne dispose par d’un service d’urgence post-natal et néonatal”, explique Macoumba Thiam, conseiller technique principal en données auprès du FNUAP.
Dr Masy Harisoa, administrateur du Programme santé de la mère et de l’enfant au sein de l’OMS Á Madagascar ajoute que même dans les grands centres de santé, le taux de fréquentation des femmes enceintes n’est pas encore satisfaisant en termes de consultations prénatales ou d’accouchement.
L’EDS démontre encore que 49% des femmes ont recours aux accoucheuses traditionnelles ou sages-femmes. Seules 44% des naissances sont assistées par un personnel formé contre 51% en 2004 et 47% en 1997.
Trois femmes sur cinq, soit 76%, affirment avoir eu au moins un problème majeur d’accès aux soins de santé quand elles sont malades. Ainsi, seules 19% des femmes interrogées lors de l’enquête ont reçu des soins postnataux moins de quatre heures suivant l’accouchement, 21% des femmes dans les deux jours suivant l’accouchement, et 35% des femmes n’ont reçu aucune visite postnatale.
Par rapport Á l’accès aux établissements sanitaires, cette enquête démontre que 36% des femmes accouchent dans un établissement de santé contre 65% Á la maison. “De nombreuses femmes vivent Á plus de cinq kilomètres d’un centre de santé. Il est difficile pour elles de se rendre, le moment venu, au centre de santé pour accoucher alors que leur seul moyen de transport est une charrette tirée par des zébus”, explique le Dr
Jocelyne Somarline, chef du centre de santé de base de niveau 2 – centre de santé au niveau de la commune rurale, tenu par un médecin et qui délivre des soins primaires, Á
Andranovory, au sud sur la route nationale 7.
“Nous avons toujours été sensibilisées par des agents de santé pour que nous nous rendions dans des centres de soins du début Á la fin de la grossesse. Mais il est très difficile de le faire sans que nos maris nous soutiennent. Autrement, nous devons marcher une journée avant de rejoindre le premier centre de soins”, explique Jeannette Ralivelo, mère de quatre enfants, nés avec l’aide de Ramary, une sage-femme traditionnelle de son village.
L’enquête a aussi démontré que les raisons de la non-accessibilité aux centres de soins sont dues Á l’irresponsabilité des maris. Vingt huit pour cent (28%) des femmes ne veulent pas s’y rendre seules. Ainsi, elles restent chez elles si leur mari ou leur entourage ne les accompagne pas.
Dans la plupart des cas, la responsabilisation des pères de familles dans l’amélioration de la santé maternelle a son mot Á dire. De nombreux maris croient que leur rôle se limite Á mettre leur femme enceinte. Beaucoup plus de sensibilisation doit être ainsi faite sur l’approche du genre au sein des communautés où de nombreux pères de familles ignorent encore leur rôle.
“Ma femme se plaint toujours que je ne la soutiens pas pendant sa grossesse alors que j’ai d’autres tâches Á faire pour pouvoir assumer les dépenses de la famille, surtout une fois que le bébé naîtra », déclare Julien Rakoto, un paysan habitant la périphérie d’Antananarivo, capitale de Madagascar. Il n’a pu assister Á la naissance de son troisième enfant car il a été retenu ce jour-lÁ par la récolte de sa rizière.
La crise sociopolitique qui est devenue économique pour de nombreux ménages malgaches est un autre facteur qui ralentit l’amélioration de la santé de la mère.
Fanja Razafimahatratra est journaliste en freelance Á Madagascar. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Santé maternelle: un recul enregistré Á Madagascar