Transferts des détenus: Patricia Gerber traîne le gouvernement sud-africain devant la Haute Cour de Pretoria


Date: December 2, 2009
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Alors que son fils est emprisonné depuis 2005 Á  la prison de Beau-Bassin, Patricia Gerber a entamé la semaine dernière une action Á  la Haute Cour de Pretoria contre le gouvernement, les ministres des Affaires étrangères et de la Justice d’Afrique du Sud. Ses arguments sont que si le gouvernement sud-africain refuse de signer un accord avec Maurice, cela va Á  l’encontre des droits de l’Homme et du Bill of Rights.

Son action a fait grand bruit en Afrique du Sud. Elle a été relayée par des medias importants comme The Times, The Cape Argus, Sunday Argus et Independant Online.

Le fils de Patricia Gerber, Yohann Gerber, 24 ans, purge une peine de neuf ans de prison Á  Maurice. Il était dans un hôtel quand il a été découvert en possession de 92 boulettes d’héroÁ¯ne. Il y a actuellement 30 prisonniers sud-africains, dont 18 femmes, emprisonnés Á  Maurice.

Patricia Gerber souhaite que ses compatriotes puissent purger leurs peines dans leur pays et près de leur famille. Le gouvernement de Pretoria, le Président Jacob Zuma et les ministres des Relations et de la Coopération internationale, des Services Correctionnels et de la Justice et du Développement constitutionnel, sont tous cités comme parties dans cette affaire.

L’avocat de Patricia Gerber, Bradley Allison, affirme «qu’en 2003, lors d’une rencontre entre les ministres de la Justice des pays de la SADC, il avait été question de la nécessité d’un protocole pour le transfert des prisonniers. Mais six ans plus tard, rien n’a été fait » Selon lui, la Constitution de l’Afrique du Sud prône le principe d’égalité qui exige que le gouvernement sud-africain agisse de manière consistante avec ses politique d’intérêts public.

Patricia Gerber estime que depuis novembre 2007, le gouvernement n’a pas considéré favorablement sa demande pour un programme d’échanges de prisonniers avec Maurice et n’a pas fourni de raisons valables pour justifier son refus. «La décision de Pretoria est arbitraire et irrationnelle », dit-elle dans sa plainte.

C’est en juillet 2008 que le département des Affaires étrangères sud-africain l’a informée que le gouvernement n’a aucune intention de rapatrier les prisonniers sud-africains, qu’ils se trouvent Á  Maurice ou ailleurs. Ils sont au nombre de 3000 dans plusieurs prisons du monde. Toutefois, ce département a ajouté qu’il continuera Á  offrir certains services consulaires relevant du respect des droits de l’Homme aux Sud-Africains qui sont emprisonnés Á  l’étranger.

Dans une autre lettre envoyée subséquemment, les autorités sud-africaines ont expliqué Á  Patricia Gerber que l’Afrique du Sud souscrit au principe que les citoyens arrêtés Á  l’étranger doivent purger leur peine dans le pays où l’infraction a été commise. C’est cela que conteste Patricia Gerber. Pretoria a deux semaines pour présenter sa défense.

Lors de son dernier séjour Á  Maurice en juin dernier, Patricia Gerber a pu voir son fils pendant 10 heures. Cette bataille, elle la livre pour tous les détenus sud-africains. «Je ne m’arrêterai pas tant qu’un accord sur le transfert des prisonniers entre nos deux pays ne sera pas signé. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que nos fils et filles retournent dans leurs pays. Le problème, ce n’est pas que l’on soit innocent ou coupable. C”est une question d’humanité. Il y a des gens qui ont été condamnés Á  32 ans de prison et qui ne verront plus jamais leurs proches. Vous ne pouvez pas imaginer ce que cela fait. Je condamne le trafic de drogue mais la plupart des passeurs sont des victimes de grands caÁ¯ds qui eux, ne sont jamais inquiétés. Rien n’est fait Á  ce niveau », nous a-t-elle déclaré.

«Le gouvernement doit aussi intervenir de manière rationnelle sur tous les cas où son assistance est requise. Patricia Gerber veut une révision et se bat contre la décision irrationnelle du gouvernement de refuser signer un accord sur le transfert des prisonniers », affirme Me Allison.

Interrogé, l’Attorney General mauricien, Rama Valayden, a fait la déclaration suivante: «Pour établir des discussions, le protocole exige que l’autre pays soit d’accord. Mais le gouvernement sud-africain ne veut pas discuter du sort de ses détenus. Le gouvernement mauricien ne peut donc rien faire ». Espérons que Jacob Zuma se montrera plus humain lÁ  où son prédécesseur a lamentablement failli.
Jimmy Jean-Louis est journaliste Á  Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links, qui apporte des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.


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