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«A la base, je crois que c’est surtout une manière de voir les choses », explique Rajnissen Poonoosamy, 21 ans. Ce jeune étudie actuellement Á l’Université de Maurice. En parallèle, il a décidé de monter sa propre agence de mannequins en employant d’autres étudiants comme lui. Le but n’est pas uniquement de se faire un peu d’argent. C’est surtout pour pénétrer dans le monde professionnel et voir comment il fonctionne pour se faire un peu d’expérience. A la fois étudiant et employeur, son regard est unique sur la question. Pour lui, c’est clair, tous les jeunes ne peuvent pas jouer sur les deux tableaux.
«C’est le début de l’aventure et c’est aussi un test. Il faut se mettre en tête qu’on doit être sérieux. Le cas échéant, on ne va pas réussir », affirme pour sa part André Laurent, 25 ans. Ce jeune est actuellement cadre dans une imprimerie commerciale. Toutefois, lorsqu’il faisait ses études universitaires, il s’est trouvé un travail pour se faire un peu d’argent de poche.
«Les études étaient payées par mes parents. Mais je souhaitais avoir mon indépendance et ma liberté. Donc j’ai trouvé un emploi », explique le jeune homme. C’est au sein d’une société de Business Process Outsourcing qu’il a travaillé pendant trois ans jusqu’Á ce qu’il termine ses études.
Ce jeune homme garde un bon souvenir de ces années-lÁ , même s’il explique que faire les deux n’est pas donné Á tout le monde. «Si on ne garde pas la tête sur les épaules, on est vite submergé par le travail. J’ai vu plusieurs de mes amis abandonner leurs études pour cette raison », ajoute André Laurent. Il raconte que dans l’entreprise qui l’employait, plusieurs jeunes ont laissé tomber leurs études pour suivre une carrière professionnelle. «Ce n’est pas un mauvais choix mais moi, j’ai préféré refuser une promotion qui m’aurait demandé de passer plus de temps au bureau afin de pouvoir me concentrer sur mes études », affirme-t-il.
Pour Ben Mootoocurpen, directeur de Heaven Multimedia Telecommunication Portal, il est possible de travailler et d’étudier en même temps. « Nous avons plusieurs employés qui le font sans aucun problème. C’est Á eux de gérer leur emploi du temps mais nous sommes compréhensifs face Á leur situation », explique ce jeune entrepreneur. Pour les étudiants, c’est le travail de nuit qui est le plus populaire, soit de 21h Á 5h du matin, cinq soirs par semaine. Pour ce qui est de la rémunération, les étudiants qui travaillent Á temps partiel touchent autour de Rs 7 000 (environ 1750 rands). C’est un bon salaire compte tenu du fait que la majorité d’entre eux vivent toujours chez leurs parents.
«Je vais devoir refaire mes examens. Je ne suis plus aussi motivée qu’avant, sans compter la fatigue », raconte Anais Fanchin. Employée dans une compagnie d’assurance, cette jeune femme suit également des cours dans le même domaine. «Souvent après une longue journée au travail, il faut se replonger dans des livres qui parlent de la même chose. C’est démotivant », explique la jeune femme. Selon elle, il faut savoir fixer ses limites dès le départ. «On sera toujours tenté par les amis qui sortent ou même par la famille. A la base, il faut décider dans quelle direction on va et ne jamais oublier cet objectif », affirme-t-elle.
«J’ai commencé mes études de décoratrice d’intérieurs parce que c’est ma passion mais c’est démoralisant quand les cours ne sont pas d’un bon niveau », confie pour sa part Audrey Lavictoire, 23 ans. Elle a travaillé deux ans dans un hôtel pour pouvoir payer ses cours. Mais après deux ans, elle a abandonné les études quand elle a découvert que l’institution délivrant la formation n’était pas reconnue par l’Etat. «J’ai dÁ» me reprendre en main pour ne pas tomber dans la déprime », affirme-t-elle.
Après quelques mois d’incertitude, elle s’est lancée dans de nouvelles études et a choisi l’hôtellerie comme filière. Son travail et ses études sont liés mais ce n’est pas pour autant que c’est facile d’allier les deux. «Cela demande beaucoup de sacrifices. Mais je n’ai pas le choix. Sans diplômes, il me sera difficile d’avancer », confie la jeune femme.
«Nous avons des cours adaptés et du personnel qualifié afin que nos étudiants soient encadrés le mieux possible », explique Rajcoomar Jhurry, le directeur de JR School, une institution d’études supérieures Á Maurice. «Nous avons des jeunes qui étudient Á mi-temps. Ils doivent gérer leur emploi du temps afin de pouvoir faire le travail qu’on attend d’eux », ajoute-t-il.
«Quand on entre dans la vie active, les gens ne nous prennent pas toujours au sérieux. C’est Á nous de prouver qu’on a ce qu’il faut pour avancer. Il faut garder la tête sur les épaules, même si ce n’est pas simple de jongler entre le travail, les études et sa vie personnelle », affirme Rajnissen Poonoosamy. Quoi qu’il en soit, les responsabilités et les challenges sont multiples pour ces jeunes qui choisissent d’allier travail et étude.
Vincent Potage est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
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— Gender Links (@GenderLinks) December 17, 2024
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