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En janvier 2009, Phumla Inegbu subit une première opération Á l’utérus et les examens approfondis laissent penser qu’une hystérectomie suivra. Elle en est informée. Tout comme elle est tenue au courant de son taux de CD 4, qui est indicateur de l’état de son système immunitaire. Ce taux est de 153, ce qui est extrêmement bas.
Cela signifie que ses jours sont comptés. Sa sÅ“ur, Thandiwe Mbewu, souhaite qu’elle soit rapatriée dans son pays natal sur une base humanitaire. «Je ne pense pas que les autorités mauriciennes souhaitent un nouveau décès de détenu étranger dans leurs prisons. Phumla est mourante et je pense qu’elle doit être avec les siens lors de ses derniers instants sur la terre ».
C’est pour cette raison que Thandiwe Mbewu a écrit Á Me Bhanji Soni, avocat qui a comparu pour sa sÅ“ur en octobre dernier devant la Cour d’assises. Me Soni a écrit Á la commission des Droits de l’Homme mais a aussi alerté la commission de pourvoi en grâce pour qu’une solution soit trouvée pour Phumla Inegbu.
«J’ai demandé Á la Commission des Droits de l’Homme d’envoyer des médecins examiner Phumla Inegbu pour qu’ils puissent voir la gravité de son état de santé. Je suis convaincu que s’ils reconnaissent qu’elle est mourante, les autorités pénitentiaires la relâcheront. Si cela se confirme dans quelques jours ou dans les semaines Á venir qu’elle va mourir, elle doit pouvoir retrouver ses proches en Afrique du Sud avant que cela n’arrive ».
La situation de Phumla Inegbu a même été évoquée sur une chaine de radio sud-africaine, la South African Broadcasting Corporation (SABC), le 1er décembre dernier 2009. C’était au cours de « Africa Talks », présentée par le Dr Mohau Phecko, qui a consacré son émission aux détenus sud-africains Á Maurice, dont certains sont des personnes séropositives. Plusieurs familles ont témoigné en direct, dont la sÅ“ur de Phumla Inegbu, qui a rappelé que les pronostics vitaux de cette dernière sont sérieusement compromis.
Me Soni a conseillé Á sa famille de contacter l’ambassade sud-africaine Á Maurice. Mais selon la sÅ“ur de Phumla Inegbu, les services consulaires de l’ambassade laissent Á désirer, surtout quand il s’agit de ressortissants sud-africains emprisonnés Á Maurice.
La commission des Droits de l’Homme et la commission de pourvoi en grâce sont donc appelées Á trancher sur le cas de Phumla Inegbu.
Elles sont 12 sud-africaines Á purger des peines Á la prison mauricienne de Beau-Bassin. Toutes ont été arrêtées pour trafic de drogue. De toute la population carcérale étrangère, les Sud-Africaines sont en plus grand nombre. Et c’est pareil pour les détenus sud-africains dénombrés Á 18 dans les geôles mauriciennes. La majorité des détenus sud-africains ont été condamnés Á des peines d’emprisonnement variant entre 10 et 40 ans et c’était toujours pour des délits de drogue.
La situation se complique du fait que l’Afrique du Sud refuse de signer un traité d’extradition pour ses ressortissants condamnés en terre étrangère. L’existence d’un tel traité permettrait le transfert des détenus sud-africains de Maurice vers l’Afrique du Sud et vice versa. L’Afrique du Sud est l’un de deux pays au monde Á ne pas avoir de traité d’extradition pour ses prisonniers.
Patricia Gerber, une ressortissante sud-africaine, dont le fils est emprisonné Á Maurice, a récemment saisi la Haute Cour de Justice de Johannesburg en Afrique du Sud pour demander Á son gouvernement d’exposer les raisons qui l’empêchent de signer un tel traité d’extradition.
Johann Gerber purge une peine de neuf ans de réclusion pour importation d’héroÁ¯ne. Patricia Gerber a non seulement logé une action contre le chef de l’Etat sud-africain devant la Haute Cour de Justice d’Afrique du Sud mais aussi contre le ministre de la Coopération et des relations internationales, contre le ministre des Services correctionnels et contre le ministre de la Justice et du développement constitutionnel.
Dans sa plainte, Patricia Gerber invoque la violation des droits de l’Homme et insiste sur le fait que son action ne concerne pas uniquement son fils Johann mais les droits de tout citoyen sud-africain qui sont protégés par la Constitution de l’Afrique du Sud.
Et face Á cette action de Patricia Gerber, l’Etat sud-africain ne semble pas vouloir céder. L’affidavit juré par Dayanand Naidoo des services consulaires du ministère des Relations internationales, indique clairement la position du pays dirigé par Jacob Zuma. Dayanand Naidoo explique que les services consulaires sont disponibles pour les citoyens sud-africains incarcérés dans d’autres pays mais qu’on ne peut parler de violation des droits de l’Homme ou d’anti constitutionnalité de la part de la République de l’Afrique du Sud quand elle refuse de signer un traité d’extradition avec Maurice.
Port-Louis a toujours été en faveur de la signature d’un tel traité avec Pretoria mais l’acte doit être réciproque. Sur le cas de Phumla Inegbu, l’Attorney General, Rama Valayden, estime que la Commission de pourvoi en grâce est habilitée Á trancher. «C’est une instance indépendante et si les conclusions médicales de la jeune Sud-Africaine sont confirmées, la Commission peut trancher en sa faveur. Je dois rappeler que la position de Maurice sur les prisonniers sud-africains a toujours été en faveur de l’extradition mais l’Afrique du Sud ne veut pas entendre parler de cela. D’où notre impuissance », explique Rama Valayden.
Paul Sophonie est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
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— Gender Links (@GenderLinks) December 17, 2024
Comment on Une prisonnière sud-africaine souhaite mourir dans son pays