Une série télévisée pour sensibiliser les Congolais sur le sort de la femme

Elle sera diffusée Á  la mi-juin sur plusieurs chaînes de télévisions congolaises, a annoncé la directrice de SFCG, Lena Slachmuijlder. Le tournage de cette série télévisée a coÁ¯ncidé avec la Coupe d’Afrique des Nations qui a eu lieu en République d’Angola et bientôt avec la Coupe du Monde en Afrique du Sud, ajoute-t-elle.

L’intrigue du film tourne autour de deux joueuses, Zizina et Lydia. Chacune traîne derrière elle un passé et des ambitions légitimes. Zizina est Á  la fois capitaine de l’équipe ironiquement nommée «les Moustiques » et étudiante en droit Á  l’université. Ambitieuse et passionnée par la politique, Zizina persévère. Cependant, elle a du mal Á  accéder au poste qu’elle convoite parce que les hommes au travail, conformément au quotidien dans la vie, veulent lui imposer un droit de cuissage.

Quant Á  Lydia, fille d’un policier mal payé, elle vise la réussite totale sur le terrain de football. Malheureusement pour elle, son train de vie ne suit toujours pas. Elle est fille-mère d’un garçon de sept ans, Zos, né d’un viol commis par son enseignant alors qu’elle était encore scolarisée.

Amoureuse d’un musicien débutant, et mue par une volonté intérieure de lutter contre le tribalisme et la corruption, Lydia se cherche en tant que jeune femme. «Nous devons être la nouvelle génération des femmes qui n’attendent pas que les autres fassent tout pour nous », dit Lydia dans cette trame.

La production de cette série télévisée en République Démocratique du Congo (RDC) fait partie d’une dizaine de productions radiophoniques et télévisées de «Search for Common Ground », Á  l’Å“uvre depuis 2001. Productions diffusées Á  travers les chaînes de télévision partenaires du pays.

Cette série télévisée est aussi une production mondiale. «Actuellement, c’est avec l’appui des gouvernements britannique et français que nous produisons cette émission dans dix pays, Á  savoir, en Côte d’Ivoire où des séries sont déjÁ  diffusées, en Indonésie et dans d’autres pays », a laissé entendre la directrice de SFCG.

« Donc, Á  travers des intrigues que nous sommes en train de produire ici avec les personnages Zizina et Lydia, nous voulons échanger les expériences des Congolaises et les mettre en exergue en vue d’édifier la population sur les abus dont elles sont victimes », déclare-t-elle.

Le choix porté sur cette série est judicieux et interpelle plus d’un, indique Ronnie Kabuika, le réalisateur et chercheur photographique, qui estime que ce film dépeint sans équivoque la société congolaise Á  travers des épisodes sur le football.

Et Á  Patrick Kalala, l’assistant réalisateur d’enchaîner: «En acceptant de jouer sur le terrain de football au vélodrome de Kintambo, situé Á  environ 10 kilomètres du centre-ville de Kinshasa, la capitale, nous voulons susciter l’espoir du peuple congolais autour de l’intrigue sur le match dans une de épisodes. Il s’agit notamment d’un match opposant les fidèles catholiques aux protestants sur un terrain peu propice.

Dans cet épisode, après avoir longtemps attendu de voir le terrain réhabilité par les autorités, les deux équipes se résolvent Á  organiser et Á  jouer un match. Les recettes issues de cette rencontre sont affectées Á  la remise Á  neuf du terrain au lieu d’attendre indéfiniment une solution hypothétique de la part des autorités du pays, sourdes Á  leurs incessants appels ».

«Personne ne peut nier la puissance du football dans les cÅ“urs et les âmes en Afrique où se bousculent attraction, drames, suspense et gloire! » s’exclame Rozalie Mata, une étudiante d’université, faisant office de membre du public sur une scène de tournage de cette série télévisée. «Par cette production, les auteurs de la série télévisée veulent mettre en scène la force tranquille de la femme, susceptible d’opérer des changements dans la société Á  travers le football féminin ».

«Le match permet de vivre des épisodes empreints de tact féminin et d’une touche propre Á  la femme », note Vanessa Muchumu, l’actrice qui joue le rôle de Zizina.

Le match, met Á  nu, dans un autre épisode, la manipulation électorale par des hommes politiques et la violence faite aux femmes. «Cette série nous permet de nous situer dans nos relations par rapport Á  la femme dans la vie politique, dans la construction d’une société forte et d’un Etat de droit », déclare Peggy Nkunga Ndona, celle qui joue le rôle de Lydia.

«Les actrices principales de cette série télévisée sont les symboles de femmes qui s’assument et qui sont capables de prendre des décisions, tout en sacrifiant leurs intérêts personnels en faveur du bien commun », soutient Bavon Diana Landa, acteur qui joue le rôle d’Apollo, ancien seigneur de guerre, qui cherche Á  utiliser son rôle en tant que président de l’Equipe pour détourner l’attention du peuple de son passé et exploiter la popularité de l’Equipe pour sa campagne électorale.

L’équipe féminine est une autre manière de valoriser la femme congolaise, qui aspire Á  la bonne gouvernance afin que cessent dans tous les secteurs de la vie nationale la corruption, les divisions, le tribalisme, la manipulation électorale et surtout la violence faite aux femmes.

«Le football féminin pour la bonne gouvernance » est un appel Á  la participation citoyenne qui doit inciter les Congolais et les Congolaises Á  adopter des approches positives pour contourner les défis pour notre société », conclut Lena Salachmuijlder qui ajoute que «si on ne collabore pas, on ne peut pas marquer des buts ».

Constance Tekitila Mafuta est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.