Univers carcéral: vers une amélioration des conditions de vie des mères détenues


Date: July 17, 2010
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La plupart d’entre elles y entrent avec des enfants sur les bras. Ainsi, ces enfants de bas âge sont aussi confrontés Á  de terribles conditions de détention. En sus d’être privés de leur liberté d’agir comme des enfants, ils vivent dans la promiscuité, le manque d’hygiène et connaissent la malnutrition. A cela s’ajoute la rupture d’avec leurs familles car ces dernières les délaissent complètement. De ce fait, ces détenues sont entièrement coupées du monde extérieur, comme laissées pour mortes.

«La vie en prison est pénible. Pendant la nuit, il n’y a pas assez d’air qui passe, ni suffisamment d’espace. Nous sommes Á  plusieurs dans des cellules car cette prison est surpeuplée », raconte une ancienne détenue, qui témoigne sous couvert de l’anonymat.

«Il nous arrive de dormir assises pour laisser plus de place aux bébés lorsque les effectifs augmentent. Certaines arrivent avec deux ou trois enfants en bas âge sur les bras », poursuit-elle.

Cette mère de deux enfants a été incarcérée Á  la Maison centrale d’Antanimora pour faux et usage de faux en 2004 alors qu’elle était enceinte de sept mois. Son procès n’a eu lieu que deux ans après sa mise en détention provisoire. Elle a écopé d’une peine de six ans de prison. «Je n’ai pu bénéficier d’une remise de peine, faute de n’avoir pu être jugée plus tôt », se plaint-elle.

Son cas n’est pas unique Á  Madagascar car beaucoup de femmes comme beaucoup d’hommes en détention provisoire, sont incarcérés Á  Antanimora en attendant leur jugement. Les conditions de détention préventive Á  Madagascar ont beau eu faire l’objet de vives critiques par les observateurs des Droits de l’homme au niveau national et international sans qu’aucun changement n’y soit apporté.

Ces derniers temps, la Haute Autorité de Transition fait montre d’une volonté de changer la donne dans les prisons. La ministre de la Population et des Affaires sociales, Nadine Ramaroson, a récemment visité la Maison centrale d’Antanimora. Elle a pu voir par elle-même les terribles conditions d’incarcération des détenus dans les différents quartiers, notamment celui des femmes.

Dans celui-ci, des enfants jouent auprès de leurs mères. La scène est banale mais dans une prison, elle prend une toute autre dimension. Même si les femmes enceintes peuvent accoucher Á  l’hôpital, elles doivent toujours revenir en prison juste après la naissance du nourrisson.

Ces bébés Á  qui la société n’a rien Á  reprocher, grandissent et vivent en prison dans des conditions exécrables. Touchée par ce sombre tableau, la ministre de la Population a promis de prendre des dispositions pour accélérer le jugement de ces mères de famille et femmes enceintes. Elle a même dit considérer un allègement de leurs peines.

Cette visite a été renforcée par une autre, celle de la délégation du ministère de la Justice. Cette délégation s’est penchée spécialement sur les cas des femmes détenues avec des enfants de bas âge. «Nous travaillons sur un texte de loi en vue d’accélérer le jugement de ce groupe cité vulnérable et de leur accorder plus d’attentions », a affirmé le directeur de cabinet du ministère de la Justice, qui se dit prêt Á  aller de l’avant pour améliorer les conditions de vie des femmes détenues.

Cette déclaration a été bien accueillie par les concernées qui, en attendant le vote et la promulgation de cette législation, continuent Á  mener une vie difficile en prison, avec seulement du manioc au menu quotidien.

D’autres projets dans la même veine avaient déjÁ  été annoncés sous le régime de l’ancien président, Marc Ravalomanana. Durant cette époque, la ministre de la Justice avait promis de transférer les détenues allaitantes dans une autre prison Á  Manjakandriana, qui est Á  une heure de route d’Antananarivo. Cette prison a été rénovée et humanisée afin d’offrir de meilleures conditions.

Ce projet devait être appliqué aux femmes condamnées et jugées. Elles ne sont qu’une minorité parmi les détenues dans la Maison centrale d’Antanimora. Mais l’initiative a été mal digérée par les détenues, qui ont eu peur d’être davantage tenues Á  l’écart de leurs proches.

Seules des associations caritatives vont et viennent tous les jours dans la prison d’Antanimora pour apporter un peu de réconfort et d’espoir aux détenues. Ce que ces dernières attendent du gouvernement malgache, c’est un geste qui pourrait adoucir leurs conditions de détention.

Fanja Razafimahatratra est journaliste en freelance Á  Madagascar. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links

 


0 thoughts on “Univers carcéral: vers une amélioration des conditions de vie des mères détenues”

Anjarabeh says:

femme detenue à Antanimora

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