Vente de matériaux de construction en RDC : La concurrence libanaise et chinoise dénoncée


Date: December 21, 2009
  • SHARE:

En République Démocratique du Congo, l’ordonnance-loi n.79-021 du 2 aoÁ»t 1979, qui règlemente le petit commerce, définit celui-ci comme étant le commerce de toutes les denrées, marchandises ou objets de consommation courante au domicile du vendeur, soit par le porte-Á -porte, soit sur la voie publique ou dans les marchés publics.

L’article numéro 1 de cette loi indique que le petit commerce n’est subordonné qu’Á  l’obtention d’une patente tandis que l’article 5 stipule que la personne éligible pour une patente doit obligatoirement être de nationalité zaÁ¯roise, c’est-Á -dire, congolaise. Il est donc clair que seuls les Congolais peuvent faire le petit commerce.

Or, sur le terrain, cette loi n’est pas respectée et les vendeuses du marché RAIL dans la commune de Lingwala, située au nord de la capitale Kinshasa, crient Á  la concurrence déloyale. Cette levée de boucliers vient de femmes qui vendent des planches, des colorants pour la fabrication de peintures, des barres de fer et d’autres matériaux pour la construction de maisons.

Rosa, une veuve engagée dans le petit commerce de matériaux de construction, n’hésite pas Á  évoquer ses problèmes. Elle vend des planches depuis plus de 30 ans au petit marché RAIL. «J’ai démarré mon petit business avec un capital initial d’environ 15 000 francs congolais, environ 19 dollars américains. Chaque jour, je vais acheter les planches Á  l’usine de bois de Limete ou au marché Somba Zikida se trouvant dans l’une des communes de Kinshasa. Je ramène mes marchandises sur un pousse-pousse et je viens ici les déposer sur des étals. En fin de journée, je peux obtenir entre 3500 Á  4000 francs congolais de bénéfices (environ 5 dollars américains) et cela me permet de faire vivre mes petits et de m’acquitter de leurs frais de scolarité. »

Rosa fait état de tracasseries régulières. Elle doit en effet déjouer les ruses des voleurs. De plus, elle doit chaque jour payer 100 francs congolais (moins d’un dollar américain) pour la taxe Á  la commune, la même somme pour le salongo, travail collectif d’hygiène, et encore 100 francs congolais supplémentaires pour l’administration du marché.

A ses problèmes sont venus s’ajouter l’implantation de commerces de matériaux de construction opérés par des étrangers.

Mado et Marie vendent de la peinture depuis 1994. Elles réussissent bien leurs affaires mais elles doivent lutter contre la dollarisation des achats et des ventes. En fait, si elles arrivent Á  garder la tête hors de l’eau, c’est grâce Á  l’expérience acquise, Á  la fidélisation de leurs clients et aux ristournes qu’elles offrent. Leurs ventes leur permettent de compléter le budget familial et de nourrir leurs proches, tout en élevant convenablement leurs enfants.

A côté d’elles, un groupe des femmes vendent des barres de fer. Ces dernières se sont organisées et ont mis en commun leur argent, ce qui fait un capital de 1000 dollars américains (environ 825 francs congolais) afin de débuter leurs opérations commerciales. Chaque soir, elles se partagent les revenus obtenus au cours de la journée.

Toutes ces femmes qui se plaignent de la concurrence des grossistes libanais et chinois qui se sont installés Á  Kinshasa et qui disposent de capitaux plus conséquents leur permettant de tenir le fort en période de crise.

Quand on ajoute le fait que le secteur informel ne soit pas encadré ou sécurisé en RDC, le fardeau pèse lourd pour ces milliers de femmes qui font bouillir leurs marmites et vivre des familles entières Á  Kinshasa comme Á  l’intérieur du pays.

Il est grand temps que les autorités congolaises entendent la voix de ces femmes et les protègent de ces concurrents qui ont les «reins » financiers nettement plus solides qu’elles, sous peine d’augmenter le nombre de pauvres en RDC.

Cathy Lisongo est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


2 thoughts on “Vente de matériaux de construction en RDC : La concurrence libanaise et chinoise dénoncée”

muana mboka says:

Tout cela n’est que normal en rdc, du fait qu’un etranger ne peut travailler que pour ses amis etrangers.
Les commercants congolais ne constitut pas une priorite pour le gouvernement. Les congolais jusqu’a quand serions nous aveugles.

GILBERT MUKWANGA says:

Les libanais doivent aller faire le commerce de détail sou autres chez eux. Pas en RDC. Les Libanais qui ont choisi la RDC comme second Patrie doivent respecter les Lois du pays d’accueil. Il ne doivent pas concurrencer les congolais dans le commerce en détail. La loi doit être respectée. Aucun congolais ne peut faire au Liban ce qu’eux font en RDC. Le gouvernement de la RDC doit être responsable et appliquer la Loi. Les médiocres.

Comment on Vente de matériaux de construction en RDC : La concurrence libanaise et chinoise dénoncée

Your email address will not be published. Required fields are marked *