VIH-Sida : Pardonner et comprendre, le meilleur des remèdes


Date: May 24, 2010
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Le dernier Colloque des îles de l’Océan Indien sur le VIH-Sida, qui s’est tenu dernièrement Á  l’île Maurice, a vu la participation de personnes vivant avec le VIH-Sida (PVVIH) et de séropositifs venus des cinq îles. Les participants de Madagascar, ont, en guise de témoignage, chanté le cantique suivant:
« Il ne suffit pas de compassion. Même pas de pleurs ou des larmes.
Dans une action de salut, on ne peut attendre que l’autre intervienne.
Ce n’est pas obligatoire !
Mais on a besoin de volonté, de force intérieure
Une persévérance et une volonté de vaincre.
Même si tu pleures, ou que tu as les larmes aux yeux,
Ce n’est ce pas dont on a besoin ; tout ce que l’on veut, c’est la fraternité (amitié). »
L’erreur est humaine. Mais l’erreur est pardonnable. Mais commettre une faute, pour certaines personnes, semble condamnable. La vie est une succession de choix qui nous amène Á  faire des choses qui ne nous ressemblent pas parfois. Alors, accuser ou trouver un responsable devient notre premier reflexe lorsque nous ne voulons pas assumer nos actes ; voire fuir puisque les autres ne veulent pas comprendre.
Justin, un jeune de 21 ans, est séropositif. Il ne sait pas encore jusqu’ici comment il a pu contracter le virus. C’est Á  l’âge de 17 ans qu’il a fait le test de dépistage suite Á  une campagne intense du Comité national de Lutte contre le VIH-Sida (CNLS). A l’époque, il avait peur d’en parler Á  ses parents et jusqu’Á  l’heure, personne dans sa famille n’est au courant de son état. Il s’est tout de suite rendu chez son médecin. «Je n’ai pas eu Á  prendre des antirétroviraux tant que je respectais les principes d’hygiène qui m’ont été prescrits. »
Mais alors, «les autres » n’ont-ils jamais commis de fautes ? «Non, je ne crois pas », explique Justin. «Je ne veux simplement pas inquiéter mes parents. Je vis ma condition seul. Je n’ai pas encore décidé si je vais prendre une épouse. Je ne voudrais pas être déçu car tôt ou tard elle devra le savoir. Ce sera mon devoir de le lui dire. »
Ce qu’il faut, c’est savoir apprendre de ses erreurs. En les reconnaissant. Sandrine, une habitante du sud de l’île a participé au colloque. Elle était enceinte de trois mois. «Mon deuxième bébé, » précise-t-elle. Elle a su qu’elle avait contracté le virus alors qu’elle se soumettait Á  une visite médicale prénatale pour son premier bébé.
Elle était en état de choc en le sachant. «C’était difficile d’en parler Á  mon mari », raconte-t-elle. «J’étais en mission pour trois mois dans la capitale. J’ai seulement eu le courage d’en parler Á  ma belle-sÅ“ur, qui habite Antananarivo, et qui m’a conduite auprès d’un médecin référent. J’ai tout de suite été prise en charge. J’ai suivi toutes les instructions nécessaires. A mon retour, j’ai laissé mon mari tout Á  sa joie de me revoir. »
C’est seulement Á  son septième de grossesse qu’elle a eu le courage d’informer son mari de sa séropositivité. «Il a été très compréhensif. Il a accepté la situation, sans me poser de questions, sauf me suivre pas Á  pas dans mes soins. » Sandrine a donné naissance Á  un bébé séronégatif. Son mari, qui s’est fait dépister Á  la naissance du bébé, est toujours séronégatif. « Il l’est encore », a-t-elle dit lors du Colloque. «C’est pourquoi nous avons décidé d’avoir ce deuxième bébé. »
Ni Julien, ni Sandrine n’ont voulu être séropositifs. Ils ne sont pas les seuls Malgaches dans ce cas, encore moins les seuls au monde Á  l’être. Sandrine est épaulée et comprise par son mari et sa famille tandis que Julien lutte seul. Heureusement qu’après le colloque, il a eu la sympathie de tous et a trouvé des amis. Faut-il qu’il se pardonne son erreur? «Ce n’est pas le plus important. «Ce n’est pas ce dont on a besoin. Ce que l’on veut, c’est la fraternité (amitié). » Espérons que leurs messages seront entendus…
Volana Rasoanirainy est journaliste Á  Madagascar Tribune. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 

 


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